Création 2003
«L'avare» de Molière ... ou «L'art de la dissimulation».
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Retour à Molière
Tout en se consacrant à des créations originales, notamment «Colporteurs d'histoire(S)» et «Le vin comédien», le TRAC s'est penché de nouveau sur un «classique» : «L'avare» de Molière.
Nous n'entrerons pas dans la polémique récente soulevée par la révélation du scientifique Dominique Labbé qui attribue la paternité de « L'avare », et d'autres comédies de Molière, à son ami Corneille.
Comme le veut la tradition de l'époque, l'inspiration voyage d'un auteur à l'autre, et d'ailleurs des scènes entières de «L'avare» sont «empruntées» à « L'aululaire » du poète latin Plaute !
Peu importe, l’œuvre est là : une formidable pièce à jouer de tout temps. Et si elle est tant diffusée ces dernières années, c'est bien parce qu'elle possède en elle l'essentiel du théâtre, les inépuisables ressorts du jeu, les secrets de l'intrigue et ceux de l'âme des personnages. De cette source, les uns tirent vers le comique à outrance, les autres vers des accents tragiques. Une ouverture sur une infinité d'interprétations.
Qu'en est-il de notre vision de « L'avare » ?
Et bien, elle navigue entre «classicisme» et fantaisie, entre farce cruelle et tragi-comédie. Harpagon ne serait-il pas le bouffon involontaire de l'Argent-Roi ? Un homme avide et tyrannique qui s'excite contre tout son entourage. II comble une vie désespérément vide en se recroquevillant ou en s'arc-boutant sur son avarice, couvant ses sous, au détriment de ses enfants.
Harpagon, monstre ou victime ? De quel mal, de quelle solitude souffre-t-il ? Obnubilé par l'argent, il n'échappe pas pour autant aux assauts des pulsions amoureuses, et aux tourments «collatéraux» !
Le personnage est plus complexe qu'il n'y paraît. Les autres personnages, aux multiples facettes, renforcent l'ambiguïté de l’œuvre. La parabole du pouvoir de l'argent concerne d'autres protagonistes comme Cléante Frosine mais chez eux, point de possession stérile, au contraire un désir de frivolité et de consommation.
Faut-il percevoir dans cette pièce une vision impitoyable de l'homme et par conséquent le pessimisme de l'auteur ? Peut-être. Mais « L'avare » demeure fidèle à l'inspiration de la «commedia dell'arte», et toutes les situations sont indéniablement des prétextes à faire rire. Les scènes cocasses se confondent avec les farces de l'époque et les ficelles des quiproquos sont admirablement bien tirées.
À la fois, comédie de caractère, bouffonnerie aux accents pathétiques, machine à jouer, «L'avare» recèle, pour les metteurs en scène, un défi majeur : comment faire jaillir « l'irrépressible joie de vivre» d'un Molière, en racontant l'aigreur, la méchanceté d'un usurier vorace, obsédé par sa cassette et la possession d'une jeune fille ? Heureusement le corps d'un avare, comme celui de tout homme est traversé de contradictions, et le feu de l'amour, finit toujours par brûler les carcans ! L'avarice d'Harpagon entraîne, dans la danse de la comédie, une débauche d'intrigues et de ruses pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Notre imagination, sans porter atteinte à la fidélité au texte, s'est permis quelques fantaisies, à découvrir par-ci par-là !