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eXXiLs
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Mise en Scène Vincent Siano
 

"eXXiLs", un titre énigmatique, une orthographe particulière, un jeu de signes, pour traduire la tragique réalité des flux migratoires d'aujourd'hui. Certes, l'histoire regorge de mouvements migratoires massifs vers les pays attractifs, Eldorado du pauvre, mais l'exode des migrants s'est rarement déroulé dans des conditions aussi précaires, aussi dangereuses, aussi illicites. Malgré le renforcement des obstacles, le durcissement des pays d'accueil-d'expulsion, les dangers de mort et la multiplication des tragédies (naufragés des mers, des airs, des déserts...), malgré tout cela, des femmes et des hommes, des familles, des adolescents se jettent dans le vide d'un voyage dont l'issue est plus qu'incertaine. De frontière en frontière, d'un rivage à l'autre, poussés par l'énergie de l'espérance, attirés par le scintillement d'une vie meilleure, les migrants en foules ou seuls, ne sont-ils pas les "jouets" victimes à la fois des marchands de mirages et des enjeux économiques mondialisés, dont la maîtrise échappe à toutes les politiques migratoires ? 

Aux temps des migrations d'aventuriers, de pionniers, de main d’œuvre souhaitée et insérée dans les rouages de l'industrialisation, succède le temps des clandestins plus ou moins nécessaires au développement de la mondialisation déréglementée. 

Vue du côté de l'émigré, la raison suprême du déracinement est toujours la même : vivre et faire vivre, dignement.  

 

La France a été et reste un pays d'accueil.

Notre pays compte plus de quatre millions d'étrangers dont les enfants, s'ils sont nés en France, sont devenus ou sont appelés à devenir autant de Français. Après une adaptation plus ou moins douloureuse, les immigrés d'hier, quand ils sont restés en France, ont été assimilés, ne se distinguant plus des autres citoyens au bout de deux ou trois générations."

  L'Histoire. Edito.

Enfant, j'ai vécu, par allées et venues, dans le flux des migrants travailleurs et ma mémoire fait corps à jamais avec le perpétuel mouvement des passages. Aujourd'hui, spectateur impuissant d'inhumaines traversées vers des ailleurs hostiles et mortels, je ne peux que témoigner, de la place acquise par l'intégration, avec les mots et les figures de l'illusion 

  Vincent Siano

175 millions, 93 milliards de dollars, le nombre de personnes vivant hors de leur pays de naissance, les sommes qu'elles y ont envoyées en un an en ce début de XXIe siècle. Ces chiffres approximatifs montrent l'étendue des mouvements internationaux humains et leur lien intime entre migration et "Les détroits qui bordent l'Europe au Sud et au Sud-Est, tombeaux pour immigrants clandestins, sont aussi devenus des culs-de-sac."  

 

Le Monde Initiatives.

 
  

La création : Récit tissé de véracité et d'entrelacs oniriques 

 

Le spectacle issu de notre réflexion sur les phénomènes migratoires comporte deux parties.  

Une première partie, intitulée Le train et le pain, inspirée des souvenirs de migrants se référant plutôt à la première moitié du XXème siècle, traitant des thèmes universels liés à la migration économique : le déracinement, l'abandon, la nostalgie, la crainte, l'espoir, la différence, la tradition, le changement, l'identité, le travail ... sans oublier les fantaisies de la vie et le sens de l'humour ! Les personnages, émigrés d'un Sud (réel et symbolique), se racontent dans le couloir d'un wagon, en conversations et chansons. Des chansons, langues des émigrés du monde, en route pour un rêve qui pourrait être ... la France.   

La deuxième partie, Une sorte de tranchée, est à la fois la théâtralisation d'un texte d'Erri de Luca, extrait du livre "En haut à gauche", qui rend compte de la condition du travailleur immigré, et la mise en images du huis clos de certains tragiques passages des migrations d'aujourd'hui; la musique et le chant cherchant à adoucir l'âpreté du destin.  

Le travail théâtral, vocal, corporel et musical, effectué par une trentaine de personnes, se trame à partir des lignes de force émergeant de la choralité : une recherche sur l'évolution du chœur dans la scène contemporaine.

 

"Terme étrange que celui de choralité. Terme à la définition absente, il semble ne se définir que par rapport à son origine : le chœur et le modèle antique qu'il implique... Sur fond de ce référent, mâtiné d'une référence musicale, qui lui est d'ailleurs intrinsèquement liée, c'est un champ plus qu'un modèle établi, que détermine l'usage de ce terme, des questionnements plus qu'un procédé."Alternatives théâtrales.

 

"Enfin tu auras peine à trouver une seule terre qui soit maintenant habitée par sa population d'origine : ce ne sont que métissages et greffes successives. Les populations se sont succédé les unes aux autres ; tel a convoité ce que tel autre a dédaigné, tel a été chassé de l'endroit d'où il avait expulsé tel autre." Sénèque "L'exil", an 41 après J.C 

 

"La migration fait partie des premiers moyens d'échapper à des conditions de vie difficiles et les habitants des pays pauvres, nourris d'aspirations de mobilité sociale que l'ensemble d'un monde interconnecté célèbre chaque jour davantage, ne risquent guère d'y renoncer. Les pays riches savent à leur tour tirer avantage de cette offre de main d’œuvre extérieure bon marché, peu revendicative et potentiellement illimitée, pour satisfaire aux conditions de compétitivité et de flexibilité exigées par l'économie internationale." Migration et développement 

 

Au sein de ces "eXXiLs", se jouent les variantes de "l'être ensemble" de la communauté des émigrés, mais aussi l'éclatement des identités, l'isolement du travailleur dans la collectivité laborieuse et la folle espérance de solidarités.

"J'envoie à l'école du village 75 000 F (1500 FF); il faut donner 20 OOOF (400 FF) pour le maître et lui dire... de rester encore dans le village. Nous avons besoin de lui pour nos enfants. L'école, c'est bon pour les enfants. C'est avec l'école que les hommes gagnent leur vie ici".

Assoumane Souleymane, de Lyon vers le Niger. Lettres d'immigrés.  

 

 

Première partie:

« Le train et le pain »  

 

La Valigia. Italie. Chant traditionnel.

Una bottiglia di vino per il compaesano nella valigia

Une bouteille de vin pour celui du pays dans la valise  

 

Lu Furastiero. Italie, Pouilles. Matteo Salvatore.

Lu furastiero dorme stannotte sull'aia 

L'étranger dort cette nuit sur l'aire 

 

Ratacesc. Roumanie. George Creteanu.

Ratacesc in cai straine, de caminu‑mi departat

J'erre sur des routes étrangères, éloigné de mon foyer 

 

Pané k'erchronté karavia. Grèce. Chant traditionnel. 

Pané k'erchronté karavia phortoména prosphia

Les bateaux vont et viennent remplis de réfugiés 

 

El Emigrante. Espagne. Juanito Valderrama.

Cuando abandone mi tierra tendré mis ojos Ilorando

Quand je quitterai mon pays mes yeux s'empliront de larmes  

 

L' America. Italie, Pouilles. Chant traditionnel.

La meiu gioventù partiu 'll'america

La meilleure jeunesse partit pour l'Amérique 

 

Ali mon ami. Marseille, Enfance et musique.

J'ai un copain Ali qui a quitté Mohéli

une île des Comores noyée de sable d'or  

 

Les Immigrés. France. Michel Bühler.

Dans la chaleur pesante de la salle d'attente

à Marseille une nuit ils sont bien vingt ou trente 

 

Guiliglia. Arménie. Chant traditionnel.

Tsan gam dès nel zim Guiliglia

Quand reverrai-je mon pays, Guiliglia 

 

E tutti va'in Francia. Italie. Chant traditionnel.

E tutti va'in Francia, in Francia per lavorare 

Tous s'en vont en France, en France pour travailler 

Deuxième partie:

« Une sorte de tranchée » 

 

Trabajo, quiero trabajo. Argentine. A. Yupanqui. 

Trabajo, quiero trabajo porque esto no puede ser

Du travail, je veux du travail car cela ne peut plus durer 

 

Vava inouva. Algérie. Chant traditionnel. 

Ala ghorba ya amré 

Père chéri, toue la nuit je pleure pour toi  

 

Neden geldim amerika'ya. 

Turquie. Chant traditionnel. 

Neden geldim amerika'ya ? 

Pourquoi suis‑je venu en Amérique ?

 

Um portuguès. Portugal. V. Buggy.

Duas malas de cartào numa terra de França

Deux valises en carton sur la terre de France 

 

Oblache. Bulgarie. Chant traditionnel.

Ya kazhi mi, oblache le byalo,

ot gde idesh, gde si mi letyalo !

Dis-moi , petit nuage blanc,

d'où viens-tu, par où es-tu passé !

 

unga Magni. Mali. Boubakar Traoré.

Enikera a villa tri ie tounga tou clone

Quelle douleur de quitter le pays

pour travailler en terre étrangère

 

Etranges étrangers. France. Jacques Prévert.

On vous a renvoyé

la monnaie de vos papiers dorés

on vous a retourné

vos petits couteaux dans le dos

 

Etranges étrangers 

 

Vous êtes de la ville

vous êtes de sa vie

même si vous en vivez

même si vous en mourez.


 

 Stage de réalisation de la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports de Vaucluse sous la responsabilité de Vincent Siano, Conseiller Pédagogique en Art Dramatique. 

 

Ce type de "formation-action" s'inscrit dans une longue tradition de l'éducation populaire qui depuis la Libération stimule la démocratisation culturelle et l'engagement citoyen dans les pratiques artistiques, sous l'égide du Ministère de la Jeunesse et des Sports. II s'agit d'un temps d'apprentissage technique mais aussi d'une aventure humaine faite d'itinéraires personnels et collectifs sur les voies de la créativité. 

Dans ce stage-ci, plus d'une trentaine de personnes de tous âges, et d'horizons sociaux divers, ont travaillé dans différents ateliers (chant, jeu théâtral, mouvement...) sur ce projet partagé pendant l'année 2005.

 

L’association support du stage

Depuis 1979, le Théâtre rural d'animation culturelle entreprend à la fois la formation de comédiens avec des intervenants professionnels, la création théâtrale et la diffusion, notamment en milieu rural.

L'action culturelle du TRAC est soutenue par : la commune de Beaumes de Venise, le Conseil Général de Vaucluse, le Ministère de la Jeunesse et des Sports, le Ministère de la Culture, le Conseil Régional PACA et les spectateurs 

 

Comédiens chanteurs

 Le train et le pain : 

 

L'Époux dit "l'Impatient" : ERIC BURALLI

Sa Jeune Epouse : ELSA KMIEC

L'Amoureuse : AUDE LAINE

Sa Mère : RÉGINE LEMAIRE

Sa Grand-Mère, dite "Mamie-Proverbe" : SUZANNE MAS RUBIO

L'Amoureux, dit "Tête Brûlée" : BELKHACEM SOUFI

Le Patriarche : JEAN MARIE FRAYSSE

Sa Femme, dite "La Mamma" et sa Sœur dite "Bonne sœur" JOËLLE ARDUIN OU MARIE-NOËLLE MÜLLER Sa Fille aînée : ELODIE SCHUH

Sa Fille cadette, dite "La Préférée" : VIRGINIE ROMERO

Fille Mère : STÉPHANIE MOREL

Son Frère, dit "l'Orphelin" : JÉRÉMY BLORET

Son Oncle, dit "Le Sage" : MARCEL LECCIA

L'Homme aux Livres : DANIEL GIUSIANO

Le Nostalgique : JEAN-LUC BLATIÈRE

Sa Femme, dite "la Gourmande" et sa Belle-sœur, dite "Vieille Fille" : NICOLE FERRER ou FLORENCE GALVEZ 

Sa Fille, dite "la Vénitienne" : VÉRONIQUE ANTOINE

La Grand-Mère : FLORENCE BLANCHARD

La Ballerine : EVELYNE POURADIER

Le Révolté : MOURAD FODAL

Les Contrebandiers : MARIO LECCIA et DAMIEN TOUMI

La Mère : KHEIRA SOUFI

Les enfants : ROBIN DEQUIER, ,I-BAPTISTE BRUEDER, ELÉA ROUSSE-GENEIX

Les Musiciens : MOURAD FODAL, MARIO LECCIA, DAMIEN TOUMI 

 

Une sorte de tranchée :

Le Chœur des Clandestins : les comédiens chanteurs

Les Ouvriers : JEAN-LUC BLATIÈRE, ERIC BURALLI, MOURAD FODAL,J-MARIE FRAYSSE, DANIEL GIUSIANO, MARCEL LECCIA, BELKHACEM SOUFI 

 

Mise en scène : VINCENT SIANO

Chants, Direction, Arrangements : ELISABETH MEUNIER

Arrangements musicaux : MARIO LECCIA, DAMIEN TOUMI 

Danse, Mouvement : SILVIA CIMINO

Scénographie : CHRISTINE FABREGUETTES - APRECA

Construction décor : LES ATELIERS DU REGARD / PATRICK ROUX

Costumes : CHRISTINE FABREGUETTES, MYRIAM PHILY assistées de MARIE NOËLLE MÜLLER 

Maquillage : CATHY ARNAUD, LAURE CHIRON 

Création lumière : ERICK PRIANO

Régie lumière : MATHIEU CHARASSON 

Graphisme : CHRISTINE FABREGUETTES, ERICK PRIANO

 

 

Nous remercions toutes les personnes qui ont apporté leur aide pour le choix, la traduction et la prononciation des chants

ALGÉRIEN : Kheira Soufi, Mohamed Elakehal, Nourredine Chenoud

ARMÉNIEN : Gaïané Khandzian, Any Tazian, Mémé Makroui,

Keram Baghdassarian : CEDCA

BULGARE : Valentina Dimova-Pereto

ESPAGNOL : Maria-Teresa Fernandez 

GREC: Rosa Benoît-Meggenis

MALIEN : Association Mali Danbe : Madou

ROUMAIN : Mme Barthouil, Association Culturelle Franco-Roumaine

TURC: Ibrahim Sani Ozdemir

Remerciements aux associations "Le Jardin d'Alice", "La Bande à Koustic" 

 

Sources bibliographiques

SÉNÈQUE "L'exil" Alternatives 1995. ERRI DE LUCA "En haut à gauche" Rivages 1998

C. Z. GUILMOTO, F. SANDRON "Migration et développement" La documentation française 2003 

HERVÉ DOMENACH, MICHEL PICOUET "Les migrations" PUF 1995

MANUEL CHARPY, SOULEY HASSANE "Lettres d'émigrés" N.Philippe 2004 

"Les mouvements migratoires dans l'occident moderne" Civilisations n° 19, P.U.P. Sorbonne 94

 

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Tag(s) : #Répertoire Théâtral
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