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mep-affiche-malentendu-4 Quatrième création du Projet Albert Camus, le Malentendu a reçu un accueil très chaleureux lors de la représentation organisée par la Fondation Laurent Vibert de Lourmarin, le 25 juin dernier. 

Avec  : Sarah Ballestra, Pierre Berlioux, Florence Blanchard, Nathalie Dutour, Marcel Leccia

Le Choeur : Annie Chalvidal, Pierre Chalvidal, Jean Marie Fraysse, Jacques Ganichot, Daniel Giusiano, Marion Jullian, Michèle Rey, Margaux Trouvé, dirigés par Nathalie Moineau. 

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Notes de mise en scène 

L’environnement dans lequel se trouve Albert Camus lorsqu’il pense « Le Malentendu » nous semble primordial. D’une part, il situe la fiction en Tchécoslovaquie, à cette époque sous la domination nazie, et d’autre part, il est lui-même « exilé » du côté de Saint Etienne pour soigner sa tuberculose, dans une France sous occupation allemande.

Dans ces conditions, Camus admet avoir écrit « une pièce sombre » mais ajoute-t-il « je ne crois pas qu’elle soit désespérante ».

Pas étonnant qu’il ait dit aussi, à propos de cette pièce : « C’est une histoire de Paradis perdu et pas retrouvé ». Nous pourrions préciser « une histoire d’amours perdues », et nous poser la question : « Jusqu’à quelles conséquences peuvent conduire le sentiment de désamour et le désir de reconnaissance entre une mère et ses enfants ? »

À l’origine de la fable, un fait divers absurde et macabre : un fils de retour chez lui après une longue absence est assassiné, dépouillé par sa mère et sa sœur qui ne le reconnaissent pas. Au-delà des faits, Camus ajoute une dimension tragique et lyrique, surtout à travers Martha, la sœur en quête de mer et de lumière,  et de l’étrangeté à travers la présence énigmatique du Vieux domestique.

Nous renforçons l’atmosphère de tragédie moderne que souhaitait Camus par la mystérieuse apparition d’un Chœur au rôle ambivalent, car il rappelle à la fois l’occupation militaire et l’indispensable recours à la culture, ici la musique et le chant, comme refuge pour les valeurs humanistes.

Au-delà de la question de savoir si « Le  Malentendu » est un essai de « tragédie moderne », si c’est « une pièce à thèse », il y a la langue d’Albert Camus qui joue entre lyrisme et simplicité, enveloppant ainsi les personnages d’une attachante ambiguïté. Elle parvient à créer une atmosphère qui souligne l’ironie d’une situation absurde dans laquelle s’est fourré le fils, Jan, qui n’a pas écouté le cri d’amour de sa femme, Maria.

Un déroulement implacable, non dénué de « suspens », qui pourrait s’apparenter aux récits « fantastiques » des mythes antiques. 


« Je me suis proposé avec « Le Malentendu » une tragédie moderne. […] Comment faire prendre, sans ridicule, ou sans malaise, le ton tragique à des personnages habillés comme vous et moi, qui ne bénéficient pas de l’éloignement du héros historique. »

            Albert Camus, cité par David H. Walker, notice pour « Le Malentendu » édité dans La Pléiade, 2006, p.1339.

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Tag(s) : #Cycle Camus
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